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Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/66

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t-il, soulevant son sombrero à la jeune servante, en coiffe blanche, qui lui ouvrit. Et sur sa réponse affirmative :

— Voulez-vous lui dire, ma bonne fille, que le P. de Brébeuf lui présente ses hommages et demande un instant d’entretien ?

La petite servante, marchant devant le jésuite, l’introduisit dans une pièce qui semblait un cabinet de travail, lui approcha un fauteuil et sortit.

Le religieux s’assit, sans jeter un seul regard autour de lui. Il y avait là, pourtant, des objets d’art, des marbres magnifiques, de beaux et graves tableaux. Mais il ne parut pas s’en apercevoir. La tête appuyée sur le dossier haut et droit de son fauteuil, il resta à regarder devant lui, par la fenêtre ouverte. Mais on voyait facilement que sa pensée était ailleurs — bien loin de ce beau jardin et des calmes, des gracieuses perspectives d’Auteuil.

Au bout de quelques minutes, une main bronzée souleva la portière, et M. de Champlain parut.

Le fondateur de la Nouvelle-France et le plus illustre de ses missionnaires se rencontraient pour la première fois. Ils échangèrent un rapide coup-d’œil, et se saluèrent avec le noble respect qui était, alors, dans les mœurs françaises.

— Monsieur, dit allègrement le jésuite, le P. Lallemant, le P. Masse et moi, nous sommes les