Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

près d’elle, en face de la cheminée. Suivant votre recommandation, j’ai vu d’abord madame l’abbesse.

— Et qu’a dit la mère Angélique ? demanda madame Garnier, pliant la tapisserie à laquelle elle travaillait.

— Ce qu’elle a dit ?… Mais que nous l’affligions… que le départ de mademoiselle Méliand serait un deuil pour Port-Royal… Elle m’a prié de ne rien dire à l’enfant de sa sortie prochaine, se réservant de l’en informer au dernier moment… Elle prétend que la pensée du départ la troublerait… qu’elle ne ferait plus rien…

— Nous n’aurions pas pensé à cela, dit madame Garnier, qui sourit.

— Mais les Arnauld sont de fiers travailleurs.

— Et la mère Angélique est bien de la famille.

— Étrange destinée que la sienne ! fit le magistrat : abbesse de Port-Royal à onze ans, et réformatrice de son ordre à dix-huit !…

— J’admire la mère Angélique, dit madame Garnier avec chaleur.

— Tout le monde l’admire… Malgré sa vocation si peu régulière, elle a merveilleusement bien tourné. Mais, entre nous, je n’aime guère Port-Royal… J’en reviens toujours glacé.