Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/127

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Angéline ne s’y opposa point, mais la séparation lui fut cruelle. Elle aimait la présence de cette chère amie qui n’osait montrer toute sa douleur.

Mlle de Montbrun ne se plaignait pas ; jamais elle ne prononçait le nom de son père. Mais elle le pleurait sans cesse, et sa magnifique santé ne tarda point à s’altérer très sérieusement.

Chez cette jeune fille d’une sensibilité étrangement profonde, la douleur semblait agir comme un poison. On la voyait, à la lettre, dépérir et se fondre. Elle avait parfois des défaillances subites, un jour qu’elle était sortie seule, prise tout à coup de faiblesse, elle tomba sur le pavé et se fit au visage des contusions qui eurent des suites fort graves. Tellement qu’il fallut en venir à une opération dont la pauvre enfant resta défigurée.

Maurice Darville aimait sa fiancée d’un amour incomparable. Son malheur, ses souffrances, la lui avaient rendue encore plus chère, et il lui avait donné des preuves innombrables du dévouement le plus complet, le plus passionné.