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ANGÉLINE DE MONTBRUN

reconnaissance, car monsieur votre père et vous, vous avez été bons, vraiment bons pour la pauvre Véronique Désileux. Et soyez-en sûre, c’est une aumône bénie de Dieu, que celle d’une parole affectueuse, d’un témoignage d’intérêt aux pauvres déshérités de toute sympathie humaine.

Si vous saviez comme la bienveillance est douce à ceux qui n’ont jamais été aimés ! Dans le monde, on a l’air de croire que les êtres disgraciés n’ont pas de cœur, et plût au ciel qu’on ne se trompât point !

Je vous laisse tout ce que je possède : ma ferme et mon mobilier. Veuillez en disposer comme il vous plaira — et ne me refusez pas un souvenir quelquefois.

Si je pouvais vous dire comme j’ai pleuré votre père ! que Dieu me pardonne ! dans la folie de ma douleur, j’aurais voulu faire, comme le chien fidèle qui se traîne sur la tombe de son maître, et s’y laisse mourir.

Alors pourtant je ne savais pas jusqu’à quel point il avait été bon pour la pauvre disgraciée ; c’est seulement ces jours derniers que j’ai appris ce que je lui dois.

Sachez donc qu’à la mort de mon père, il