Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/202

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parole fut pour vous remercier ! Et la douceur de ce moment !

Brisée de fatigue et d’émotion j’étais absolument incapable de marcher. La pluie tombait toujours à torrents. Mon père m’enleva comme une plume et m’emporta à une maison voisine, où nous fûmes reçus avec un empressement charmant. J’étais mouillée jusqu’aux os ; et dans la crainte d’un refroidissement, on me fit changer d’habits. Une jeune fille mit toutes ses robes à mon service. J’en pris une de flanelle blanche. Comme elle n’allait pas à ma taille, la maîtresse de céans ouvrit son coffre et en tira un joli petit châle bleu — son châle de noces, — me dit-elle, en me l’ajustant avec beaucoup de soin.

« Vous l’avez paru belle, répétait sans cesse la digne femme, si vous étiez tombée sur les cailloux, vous étiez morte. »

— Oui défigurée pour la vie, ajoutait la jeune fille, qui avait l’air de trouver cela beaucoup plus terrible.

— Le monsieur qui a arrêté votre cheval est-il votre cavalier, me dit-elle à l’oreille ?

Ma toilette finie, elle me présenta un petit