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Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/215

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portrait, et cela m’a laissée dans un état violent qui m’humilie.

Quand j’avais la beauté, je m’en occupais très peu. L’éloignement du monde, l’éducation virile que j’avais reçue, m’avaient préservée de la vanité.

Mon père disait qu’aimer une personne pour son extérieur, c’est comme aimer un livre pour sa reliure. Lorsqu’il y avait quelque mort dans le voisinage : « Viens, me disait-il, viens voir ce qu’on aime, quand on aime son corps ! »

Mais si fragile, si passagère qu’elle soit, la beauté n’est-elle pas un grand don ?


23 août.

Ah ! la tristesse de ces murs. Par moments, il me semble qu’ils suintent la tristesse et le froid. Et pourtant, j’aime cette maison où j’ai été si heureuse — chère maison où le deuil est entré pour jamais !

« Mais malheur à qui, dans le calme de son cœur, peut désirer mourir tant qu’il lui reste un sacrifice à faire, des besoins à prévenir, des larmes à essuyer ! »