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Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/227

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triste et si tendre de ses yeux m’est encore présente.

Alors, je savais que mon existence était profondément modifiée — que je ne pourrais plus être heureuse — parce qu’au plus profond du cœur, j’avais une plaie qui ne se guérirait jamais. Mais je croyais à son amour, et c’était encore si doux !


2 septembre.

— Mon vieux Marc est toujours faible. Je l’ai trouvé assis devant sa fenêtre, et regardant le cimetière dont les hautes herbes ondoyaient au vent :

« Mes parents sont là, m’a-t-il dit, et bien vite, j’y serai couché moi-même. »

Ces paroles m’ont émue. Lorsqu’on y a mis ce qu’on aimait le plus, le cœur s’incline si naturellement vers la terre. Tous nous irons habiter la maison étroite, et, en attendant, ne saurait-on avoir patience ? La vie la plus longue ne dure guère. Hier enfant et demain vieillard ! disait Silvio Pellico. Cette fuite effrayante de nos joies et de nos douleurs devrait rendre la résignation bien