vois, oublieux de leurs fatigues affiler leurs faux, en chantant. Que cette rude vie est saine ! J’aime cette forte race de travailleurs que mon père aimait.
Souvent, je pense avec admiration à sa vie si active, si laborieuse. Riche comme il l’était, quel autre que lui se fût assujetti à un si énergique travail ! Mais il avait toute mollesse en horreur, et croyait qu’une vie dure est utile à la santé de l’âme et du corps.
D’ailleurs, il jouissait en artiste des beautés de la campagne. « Non, disait-il parfois, on ne saurait entretenir des pensées basses, lorsqu’on travaille sous ce ciel si beau. »
Ô mon père, je suis votre bien indigne fille, mais faites qu’au moins je sache dire : « Non, je n’entretiendrai pas des pensées de désespoir sous ce ciel si beau. »
C’est là dans cette délicieuse solitude, qu’il m’a dit pour la première fois : « Je vous aime ».