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6 septembre.

Pourquoi tant regretter son amour ? « Ma fille, disait le vieux missionnaire à Atala, il vaudrait autant pleurer un songe. Connaissez-vous le cœur de l’homme, et pourriez-vous compter les inconstances de son désir ? Vous calculeriez plutôt le nombre des vagues que la mer roule dans une tempête ? »


8 septembre.

Comme on reste enfant ! Depuis hier je suis folle de regrets, folle de chagrin. Et pourquoi ? Parce que le vent a renversé le frêne sous lequel Maurice avait coutume d’aller s’asseoir avec ses livres. J’aimais cet arbre qui l’avait abrité si souvent, alors qu’il m’aimait comme une femme rêve d’être aimée. Que de fois n’y a-t-il pas appuyé sa tête brune et pâle ! « De sa nature, l’amour est rêveur », me disait-il parfois.

Cet endroit de la côte, d’où l’on domine la mer, lui plaisait infiniment, et le bruit des vagues l’enchantait. Aussi il y passait