Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/242

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grâce de ne jamais murmurer contre sa volonté sainte. Qu’il en soit béni !

Un jour, je l’espère du plus profond de mon cœur, je le remercierai de tout. Sur son lit de mort, mon fidèle serviteur remerciait Dieu de l’avoir fait naître et vivre pauvre.

Et n’y a-t-il pas aussi une bienheureuse pauvreté de cœur, n’y a-t-il pas aussi un détachement qui vaut mieux que toutes les tendresses ? Mais c’est la mort de la nature ; et, devant celle-là comme devant l’autre, tout, en nous, se révolte.

Sûrement, Mina, vous n’avez pas oublié le pauvre Gris dont Marc était si fier. Avons-nous ri, quand vous recommenciez toujours à l’interroger, sur le fameux voyage qu’il contait si volontiers et avec tant d’art ! Le Gris est bien infirme maintenant, ce qui n’avait pas diminué la tendresse de Marc. Le jour de sa mort, il se le fit amener devant la fenêtre, et c’était touchant de le voir s’attendrir sur le pauvre cheval, qu’il nommait « son vieux compagnon ».

Mon amie, je ne saurais blâmer votre frère de chercher à se distraire. Il doit en