Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/67

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trer sans éprouver l’envie de faire quelque grosse folie. Non, que je haïsse le bon sens, ce serait un triste travers. De tous les hommes que je connais, votre père est le plus sensé, et je suis suffisamment charitable à son endroit. Le vrai bon sens n’exclut aucune grandeur. Régler et rapetisser sont deux choses bien différentes. Quelle est donc, je vous prie, cette prétendue sagesse qui n’admet que le terne et le tiède, et dont la main sèche et froide voudrait éteindre tout ce qui brille, tout ce qui brûle.

Ma belle fleur des champs, que vous êtes heureuse d’avoir peu vu le monde ! Si c’était à refaire, je choisirais de ne le pas voir du tout, pour garder mes candeurs et mes ignorances. Voilà où j’en suis après deux ans de vie mondaine. Jugez de ce que dirait Mme D… si elle voulait parler.

J’ai eu des succès. Veuillez croire que je le dis sans trop de vanité. Vous savez qu’Eugénie de Guérin n’a jamais été recherchée. Il y a là matière à réflexions pour Mina Darville et son cercle d’admirateurs. Pauvres hommes ! partout les mêmes.

Chère amie, M. de Montbrun me juge mal.