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ÉLISABETH SETON

ouvrant mon livre de prières, les premières lignes qui tombèrent sous mes yeux furent les résolutions d’une âme déterminée à un total abandon : « J’obéirai à la volonté de ceux pour qui je me sens le plus d’éloignement ; et, pour l’amour de Dieu, je me mettrai sous les pieds de tout le monde. »


La mère Seton avait sur elle-même un tel empire, qu’à l’extérieur rien ne trahissait les souffrances de son âme. Pour tous ceux qui l’approchaient, elle fut toujours un modèle d’amabilité et de douceur.


XXV


Après le temps fixé pour l’essai des règles, dix-huit religieuses firent profession. Le noviciat fut constitué régulièrement ; et, peu après, les Sœurs de Charité furent appelées à Philadelphie pour y prendre la direction d’un orphelinat. L’œuvre de la mère Seton était fondée : elle allait se répandre, mais la fondatrice avait encore à traverser bien des douleurs.

Pendant la guerre que les États-Unis déclarèrent à l’Angleterre, les religieuses eurent encore à lutter contre la plus âpre pauvreté. Mais la mère Seton et ses compagnes ne s’effrayaient d’aucun labeur, d’aucune privation. La pauvreté fut accueillie à Emmetsburg comme la bien-aimée de Notre-Seigneur.

Dans les années qui précédèrent la chute de Napoléon, les communications entre l’Amérique et l’Europe étaient rares et incertaines. Depuis longtemps Élisabeth n’avait eu aucune nouvelle des Filicchi ; et cette privation, si amère pour elle, se mêlait à bien des inquiétudes et des souffrances de cœur. Une chute sur la glace avait rendu infirme Rébecca, sa dernière enfant. Elle était entre les mains des médecins qui, dans l’espoir de la guérir, lui faisaient subir des traitements rigoureux.