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ELISABETH SETON

je devais agir au moment où je vous imposais une nouvelle charge.

« Et pourtant, maintenant, cette crainte s’efface ; puisque vous avez non seulement reçu mon William, mais reçu de telle façon, qu’il me dit que tout ce qui est possible pour le rendre heureux, vous le faites. Je ne puis pas cacher à Notre-Seigneur, mais il faut que je cache à tous les yeux, les larmes sans fin qui se mêlent aux actions de grâces intarissables qui débordent de mon cœur, quand je pense qu’il est à l’abri pour sa foi, sous votre protection… Que je l’aime tant, c’est ce dont je ne saurais rendre compte. Mais ce dont vous êtes cause, mon Antonio, c’est de toute cette faiblesse. Ayez compassion d’une mère qui est attachée à ses enfants par des motifs aussi particuliers que les motifs qui m’attachent aux miens. Je cherche à épurer tout ce que je sens pour eux autant que je le puis. Notre-Seigneur sait bien que c’est uniquement leur âme que j’ai en vue…

« Quand William me parle de votre bonté paternelle et des soins que prend de lui votre chère Amabilia, comme si elle était une vraie mère, je sens qu’il n’y a que Dieu pour savoir la mesure de ma joie et de ma gratitude… Ô bon ange de votre mauvaise petite sœur, vous êtes maintenant, le gardien de ce qui m’est plus cher mille fois que moi-même ! Si vous saviez quel bon et sage et respectueux enfant William a toujours été pour moi, vous ne me gronderiez pas de parler ainsi. À présent que tous deux, votre frère et vous, êtes devenus ses protecteurs, et que lui comprend si bien quelle bénédiction c’est pour lui de se trouver sous vos ailes, je puis, comme un pauvre vieux soldat usé, m’en aller en paix prendre mon repos à côté de mon Annina ; tout à fait confiante que les autres seront protégés et soutenus dans leur religion, ce qui est tout ce qui m’importe, pour eux comme pour moi. »[1]

  1. Lettres à Antonio Filicchi.