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ÉLISABETH SETON

New-York et se retira à la campagne. Un dégagement complet des vanités lui permit de rompre sans effort avec ses habitudes de luxe. Elle écrivait à ses intimes :

« Je regarde comme le plus grand bonheur de cette vie d’être délivrée des obligations, des cérémonies de ce qu’on appelle le monde. Mon monde à moi, c’est ma famille… Je suis mille fois plus calme qu’auparavant. Vienne que pourra ! Dieu est là-haut, tout, tournera à notre bien… Nous ne devons pas nous attendre à avoir ici-bas ce qui nous plairait davantage. Non, grâce au ciel ! car si nous l’avions, avec quelle facilité nous perdrions de vue l’autre vie, seul séjour d’une paix sans fin. »

Et, rappelant le temps où la vie lui avait paru si belle, qu’elle aurait volontiers consenti à y demeurer toujours, Élisabeth ajoutait :

« Maintenant, après un si court intervalle, tout est changé si complètement pour moi que rien en ce monde — ses joies y fussent-elles toutes réunies à la fois — rien ne me tenterait, du désir d’y être autrement que je n’y suis, c’est-à-dire en passant. »

Le soin continuel et si tendre qu’Élisabeth prenait de ses petits enfants ne l’empêchait pas de rester pour son père la plus aimable et la plus aimante des filles. Quand quelque circonstance les séparait, elle lui écrivait sans cesse : « Je vous vois toujours présent, lui disait-elle, et m’attache à faire tout ce qui mériterait, votre approbation. »

Un livre sur la fièvre jaune avait porté au loin le nom de Richard Bayley et fortement intéressé le monde scientifique d’alors.

Justement fière de la supériorité intellectuelle de son père, Madame Seton l’était encore bien davantage de sa réputation de désintéressement et de bienfaisance. Une preuve entre autres de la générosité, de la bonté de cet illustre Américain.