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ÉLISABETH SETON

« Notre William a beaucoup souffert en passant la batterie, mais il est bien remis. Mon crucifix m’est une source de paix et de consolation. Je suis maintenant si contente avec mon trésor caché que vous me prendriez pour un vieux roc. Tout va bien. Ma confiance est dans le Tout-Puissant. On nous menace d’une tempête, mais avec Lui je ne crains rien. Bénissez et embrassez pour moi mes chers petits. »

Sa confiance en Dieu ne lui donnait pas seulement la paix, mais encore la sérénité. Après avoir passé les îles Açores, elles écrivait à sa belle-sœur :

« D’heure en heure, nous espérons la rencontre de quelque navire qui se chargera de nos lettres. Je vous écris donc ; mais quand je vous aurai appris que mon cher William va mieux de jour en jour, et que ma petite Anna se porte bien et moi aussi, je crois que je n’aurai plus rien de bien intéressant à vous conter. Si j’osais me laisser aller à mon enthousiasme, et chercher à l’exprimer par des paroles, un cahier entier ne suffirait pas à vous dire mes folles joies en contemplant le lever du soleil, son coucher, les clairs de lune.

« Il est un autre sentiment que vous partagerez avec moi, et qui absorbe mon âme tout entière : c’est le tendre, le paisible, le suave amour qui surnage sur chaque moment, sur chaque heure de ma lourde épreuve. Vous me comprenez, parce que vous savez combien sont heureux ceux qui se reposent en notre Père céleste. Plus de luttes, alors ; plus de pensées de découragement. L’espérance la plus confiante, la paix la plus consolante n’ont point cessé d’accompagner mon chemin, me soutenant à travers de tels dangers, de telles tempêtes, que toute âme qui n’aurait pas eu le Christ lui-même pour rocher eût été véritablement terrifiée. »

M. Selon supporta bien la mer, mais il souffrit cruellement dans la baie de Gibraltar et Élisabeth a noté un