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ÉLISABETH SETON

interrompre ce repos… Carleton est venu à la tombée de la nuit ; puis notre commandant, tout bon, tout empressé. Il a été effrayé du calme où il a trouvé William, et désespéré de voir que j’allais rester seule avec lui ; car le docteur lui avait dit que, malgré le soulagement actuel, tout annonçait qu’il pouvait s’éteindre en quelques heures. — Et moi, est-ce que j’aurais voulu avoir quelqu’un avec moi dans ma chambre ? Oh ! non… Je n’avais pas pour… Je fis semblant de me coucher comme pour dormir, afin de ne pas lui faire de la peine. — Prêté l’oreille toute la nuit ; tantôt auprès du feu, tantôt couchée ; m’imaginant par moments que sa respiration s’arrêtait ; glacée d’effroi, la minute d’après, en écoutant le souffle oppressé de sa poitrine. J’ai été baiser son pauvre visage pour voir s’il n’était pas froid… J’étais seule… ! Père indulgent et chéri ! et pourtant je n’étais pas seule, tandis que je me tenais si fortement unie à Toi, par une prière incessante et en action de grâces. Prière pour lui. Joie, étonnement, ravissement pour moi, de voir que ce secours sur lequel j’avais compté si tendrement, avec une foi si affermie, une espérance si abandonnée, l’heure de l’épreuve étant venue, me soutenait, me consolait au delà de tout ce que j’avais pu espérer, même concevoir ! Oui, je sentais que mon Dieu me soutenait. Je sentais qu’il me soutiendrait et m’aiderait au milieu de ses épreuves les plus sévères ; en continuant de me donner cette même force, cette confiance, cet abandon, qui, dans une situation telle que la mienne, étaient au-dessus de ce qu’eût jamais pu espérer une créature humaine… Ces consolations qu’il donne, qui les dira ? quelle parole essaierait d’exprimer ce que lui seul peut faire sentir ?

« Dès le matin, sitôt que le jour a paru, agitation, désir de partir, de changer de place — M. Hall[1] est venu avec

  1. Ministre du culte anglican.