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Page:Conan - Elisabeth Seton, 1903.djvu/40

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ÉLISABETH SETON

traite et d’absolue séparation d’avec le monde entier ! M’eût-on jetée au fond du cachot de ce lazaret, j’y bénirais encore et j’y louerais mon Dieu. »


14 décembre.

« Récité mes chères prières, seule, pendant que mon William était assoupi ; je n’ai pas osé lui proposer de les dire avec moi, car la faiblesse et les souffrances l’accablent tout à fait. — Pluie et tempête, comme nous en avons eu chaque jour, on peut le dire, pendant les vingt-six jours que nous avons passés ici. L’humidité qui règne autour de nous, on la trouverait dangereuse pour une personne en bonne santé ; qu’est-ce donc pour un malade comme William ! Ah, je sais bien que Dieu est là-haut !… Commandant, qu’ai-je besoin que votre regard et le signe de votre main me montre toujours le ciel ? Si je considérais notre situation comme l’œuvre d’un homme mortel, bien loin d’être une Madeleine en pleurs, comme il vous plaît de m’appeler gracieusement, vous verriez en moi une lionne furieuse, prête à mettre, s’il se pouvait, le feu, sous vos yeux, à votre lazaret, pour en tirer mon prisonnier et lui faire respirer l’air du ciel. Emprisonner un pauvre être qui vient demander la vie à votre pays ! Le garder trente jours entre ces murailles humides, avec la fumée et le vent qui souffle de tous côtés, enlève les rideaux de son lit, pénètre jusqu’à la moelle de ses os, et le fait trembler de froid, s’il veut se tenir debout seulement quelques minutes, pâle comme l’ombre de la mort ! — Il faut qu’il aille à Pise pour sa santé ! Ah ! aujourd’hui, elles sont bien loin de Pise, ses pensées… Mais, ô mon Père céleste, je sais que tous ces maux viennent de votre volonté ; de votre volonté qui est toute sagesse et lumière. Nous sommes ici plongés dans les ténèbres ; et nous devons vous bénir, car les desseins que vous aviez sur nous, sont toujours saints et parfaits, si obscurs qu’ils nous semblent ; soyez