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ÉLISABETH SETON

le dogme de la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie qui l’attirait vers le catholicisme.

Humainement parlant, il n’y avait plus pour elle que deuil en ce monde ; et, dans sa tristesse, elle se prenait souvent à songer au bonheur de ceux qui croient Jésus-Christ encore présent sur la terre : « Ah, disait-elle, je n’imagine pas qu’on puisse avoir quelque peine en ce monde, quand on croit ce que les catholiques croient. Ils sont presque aussi heureux que les anges. »

Un jour, elle s’était rendue avec ses amis à la délicieuse église de Monte-Nero et assistait à la messe qui se disait pour eux. Au moment de l’élévation, un Anglais qui se trouvait là, s’approcha d’elle et lui dit ironiquement : « Regardez, voilà ce qu’ils appellent leur présence réelle. »

« Mon âme, disait plus tard Élisabeth, se sentit frémir à cette froide interruption. Tout était silence autour de moi, profond silence et adoration : presque tous étaient prosternés. Je me reculai par un mouvement involontaire, et j’allai m’agenouiller devant l’autel, pensant en secret et avec larmes à ces paroles de saint Paul : Ils ne discernent pas le corps et le sang du Seigneur. Puis il me vint cette pensée : Si ce corps et ce sang n’étaient pas là, réellement présents, comment l’apôtre aurait-il pu dire : Ils mangent et boivent leur propre condamnation parce qu’ils ne discernent pas le corps et le sang du Seigneur ? Il me vint cette autre pensée : Comment sa puissance a-t-elle pu unir mon âme à mon corps. Comment ? et cent autres comment auxquels je ne saurais répondre le premier mot…

Mme  Seton désirait passionnément revoir ses petits enfants dont elle n’avait pas de nouvelles. Le 3 février, elle s’embarqua pour New-York, mais une miséricordieuse disposition de la Providence la ramena presque aussitôt à Livourne.