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ÉLISABETH SETON

Ruinée entièrement, veuve désolée, abandonnée des siens, elle fut l’ouvrière de Dieu dans la grande République. Le catholicisme y était alors en exécration. Mais la Révolution française avait envoyé aux États-Unis des prêtres admirables. Les Cheverus, les Matignon, les Du Bourg, les Bruté de Rémur, etc., firent un immense bien, et Madame Seton a la gloire d’avoir aidé ces proscrits apôtres de sa patrie.

Plusieurs ont écrit sa vie. Il me semble qu’on peut difficilement la lire sans attendrissement, sans profit, sans ressentir, au moins en passant, ce qu’un ancien appelait le mouvement des ailes de l’âme.

Mme  Seton est-elle aussi connue chez nous qu’elle le devrait être ? Je ne le crois pas : et, m’aidant de ses historiens[1], je vais donner aux lecteurs de la Revue Canadienne une biographie de cette femme, l’une des plus accomplies, des plus aimantes et des plus aimées qui aient jamais foulé la terre. Elle a beaucoup écrit ; et, autant que possible, je la laisserai parler elle-même.


I


Mme  Seton (Élisabeth-Anna Bayley) naquit à New-York, en 1774, de Richard Bayley, cadet d’une noble famille d’Angleterre, et de Catherine Charlton, fille d’un ministre anglican.

Son père devait arriver au plus haut rang dans la profession médicale, mais sa mère mourut fort jeune.

Élisabeth n’avait pas encore trois ans quand elle la perdit et toutes ses affections se reportèrent sur son père.[2]

  1. Dr Charles White : Life of Mrs  Elizabeth-A. Seton. — Mme  de Barberey : Élisabeth Seton, ou les commencements du catholicisme aux États-Unis.
  2. Le docteur Bayley se remaria ; il eut d’autres enfants, mais sa tendresse pour Élisabeth n’en fut pas diminuée.