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Page:Conan - Elisabeth Seton, 1903.djvu/79

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ÉLISABETH SETON

Cependant il fallait vivre et faire vivre cinq enfants. La sollicitude d’Antonio Filicchi était toujours en éveil ; sa bourse s’ouvrait avec une fraternelle facilité. Mais Élisabeth voulait se suffire. Elle essaya d’abord de tenir une pension pour les élèves qui fréquentaient une académie des faubourgs ; puis, à deux reprises, elle ouvrit une école. Ces tentatives furent infructueuses ; mais, à force de démarches et d’instances, Mme Dupleix finit par lui obtenir de l’emploi chez un protestant, M. Harris, qui dirigeait un établissement d’éducation.


XV


Cette jeune femme, qui avait été l’une des reines de l’élégance, eut alors à se plier à toutes les exigences d’une vie étroite et dépendante.

Levée avant le jour, tandis que ses enfants reposaient encore, elle allait entendre la messe à l’église Saint-Pierre. Toute la journée était employée aux soins domestiques ou à l’enseignement.

Le soir venu, Mme Seton ouvrait son piano et faisait danser et chanter ses enfants : c’était sa seule récréation ; et, quand les petits étaient endormis, elle travaillait à leurs vêtements.

À la date du 2 octobre 1805, elle écrivait à Antonio Filicchi :

« Ma conscience me reproche réellement, mon cher Antonio, de ne vous avoir pas encore écrit à Boston, comme vous me l’aviez demandé. Pour vous dire la pure vérité, j’ai été si occupée à préparer des vêtements d’hiver pour mes enfants, que l’heure que je voulais employer à écrire au meilleur des frères a toujours été prise d’une manière ou d’une autre. Je travaille pourtant jusqu’à minuit, et quelquefois jusqu’à une heure du matin. Si vous pouviez imaginer quelle occupation c’est de raccommoder et retourner ces vieilleries, pour en faire quelque chose de bon. »