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Page:Conan - Elisabeth Seton, 1903.djvu/82

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ÉLISABETH SETON

la malade. Or, un jour qu’on les avait laissées seules, Cécilia lui confia que, touchée de son exemple, elle était résolue de se faire catholique.

Cachant sa joie au fond de son cœur, Madame Seton lui conseilla de bien prier, et de ne rien dire ni rien faire sans mûre réflexion.

Mais la réflexion et la prière confirmèrent Cécilia dans son dessein. Aussitôt rétablie, elle s’empressa de se faire instruire et déclara intrépidement sa résolution. On l’accabla de reproches, on s’emporta contre Élisabeth, l’accusant, d’avoir perverti son esprit.

James Seton (frère puîné de William) reconnu comme le chef de la famille, était un homme d’une grande valeur. Cependant, emporté par son fanatisme, il ne craignit pas de séquestrer rigoureusement sa jeune sœur, la menaçant, si elle persistait, de l’expédier aux Indes occidentales et de faire expulser Élisabeth de New-York par la législature.

Cécilia n’avait pas encore quinze ans. Jusque-là elle avait été idolâtrée de sa famille.

Elle n’en fut pas moins inébranlable, et, au mois de juin 1806, elle abjura le protestantisme.

En rentrant, elle le déclara franchement. Les Seton se réunirent ; il y eut un conseil de famille, et Cécilia fut chassée de la maison. Ainsi jetée sur le pavé, la frêle enfant alla frapper à l’humble porte d’Élisabeth.

Elle fut accueillie à bras ouverts : mais sa conversion fit un bruit terrible. On en tint Madame Seton responsable ; et ses parents — si bons, si aimables, quand les préjugés religieux n’étaient pas en cause — s’unirent à ses anciens pasteurs pour la réduire à la mendicité. Ils forcèrent M. Harris de renvoyer cette hypocrite, cette sirène, peste de la société.

Heureusement que les cruelles lois de l’État de New-York contre les catholiques avaient été abolies cette an-