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ÉLISABETH SETON

était encore comme perdu au milieu des bois et des montagnes ; mais, charmé de la beauté du site, M. du Bourg y avait déjà établi son séminaire du Mont Sainte-Marie.

À deux milles du Séminaire encore inachevé, M. Cooper acheta un terrain et y fit construire une maison (a loghouse) pour recevoir les enfants, les vieillards et les infirmes. Pendant que l’on bâtissait, quatre jeunes filles[1] offrirent leur concours à Mme  Seton. Elle accueillit avec une joie inexprimable les aides que Dieu lui envoyait, et Mgr  Carroll voulut bénir lui-même la communauté naissante. Il en confia solennellement la direction à Mme  Seton, à qui il donna le titre de Mère.

La mère Seton, depuis sa conversion au catholicisme, avait toujours désiré se faire religieuse. Mais la responsabilité que Mgr  Carroll mettait sur ses épaules sembla d’abord l’accabler. Le soir de ce jour-là, se trouvant seule avec ses compagnes, elle se prit à pleurer amèrement. Puis, comme pressée du besoin de s’humilier, elle se jeta à genoux et accusa à haute voix toutes les fautes de sa vie. Après quoi, levant les mains et les yeux au ciel, elle s’écria, tout en larmes : « Et c’est moi qui suis chargée de conduire les autres, moi si coupable, si misérable, si ignorante de moi-même ! »

Il avait été décidé que la nouvelle société prendrait pour modèle l’Institut des Filles de la Charité. En attendant qu’on pût se procurer une copie des règles données par Saint Vincent de Paul, la mère Seton et ses compagnes suivirent une règle provisoire ; et, par dévotion à l’auguste gardien de Jésus et de Marie, elles prirent le nom de Sœurs de Saint-Joseph.

  1. La première, Mlle  Cécilia O’Conway, était de Philadelphie. Résolue de se faire religieuse, elle se préparait à passer en Europe, quand le P. Babad, prêtre français réfugié aux États-Unis, lui parla de Mme  Seton et de l’œuvre qu’elle allait entreprendre. Mlle  O’Conway fut si touchée qu’elle abandonna son dessein et s’offrit à Mme  Seton pour partager ses travaux. Elle rendit de grands services à la communauté naissante. Après avoir lu la vie de la Mère de l’Incarnation, elle vint à Québec se faire Ursuline.