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L'OBSCURE SOUFFRANCE

j’avais été consultée, j’aurais pris pour ma part les doux contentements, les humbles joies de chaque jour qui sont à la vie ce que l’herbe est à la terre, la belle herbe ! si aimable avec ses faibles parfums et ses douces petites fleurs.


17 juin.



AIMEZ-VOUS les uns les autres, a dit le divin Maître.

Ô Seigneur Jésus, que fais-je de votre divin précepte ? Quel sens donné-je aux béatitudes ? Je sais que la vie est une épreuve, un combat. Pour moi, le champ de bataille, c’est le foyer. En est-il un plus rude ?

Mais le devoir est ici. C’est ici que je dois souffrir, que je dois m’immoler, que je dois vaincre. Et j’ai grand sujet de m’humilier. Un cœur noble aime ce qu’il doit aimer et donne une beauté auguste à tous ses devoirs. Si je ne puis m’élever jusque-là, il faut au moins m’attacher aveuglément à mes obligations les plus pénibles. Il faut triompher de mes dégoûts et compter pour rien mes sensibilités, mes désirs, mes souffrances.