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Page:Conan - L'obscure souffrance (suivi de Aux Canadiennes), 1919.djvu/27

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L'OBSCURE SOUFFRANCE


17 juillet.



Je lis les actes des martyrs de Lyon sous Marc-Aurèle. Comme les chrétiens savaient alors souffrir ! La persécution couvrit d’une gloire immortelle la naissante Église des Gaules. Et n’est-ce pas étrange ? D’après les fidèles comme d’après les païens, entre tant de martyrs, Blandine – une fillette – fut la plus héroïque. Elle l’emporta même sur son illustre évêque saint Pothin.

Son souvenir me suit. Il me semble qu’en cette esclave, le Christ a voulu couronner l’humble souffrance humaine.

Elle avait quatorze ans, elle était si frêle, si timide, qu’on avait cru qu’elle n’oserait jamais confesser sa foi et, durant de longs jours, elle lassa la cruauté de tous les bourreaux. Le Je suis chrétienne qu’elle répétait dans les supplices semblait la rendre immortelle. Calme et sereine, elle encourageait ses compagnons. Plusieurs qui avaient eu le malheur d’apostasier, ranimés par son exemple, se rétractèrent et moururent pour le Christ.