avec un singulier accent si je la croyais heureuse.
Je répondis qu’elle me semblait avoir une belle et joyeuse jeunesse.
Une ombre passa sur son frais visage.
— C’est vrai, dit-elle, mais voilà le hic… la jeunesse passe vite et c’est si triste !
— Hé quoi ! lui dis-je, étonnée, vous songez à cela. Je vous aurais crue occupée d’autres pensées.
— Oui… mais ces autres pensées sont aussi fort graves. Mon mariage est fixé. J’ai voulu vous l’annoncer moi-même, et je ne vous cacherai point que je fais un mariage de raison.
Je ne sus pas dissimuler, car elle reprit, répondant à ma pensée : Que voulez-vous ?… Il est si difficile d’aimer comme on le voudrait… comme il le faudrait, pour être heureuse. Croyez-vous qu’il y ait sur terre bien des fiancées contentes de leur amour ?
— Beaucoup ne peuvent choisir, mais vous… recherchée comme vous l’êtes…
— À quoi ça sert-il ? Certes, j’aurais voulu aimer de tout mon cœur. Mais à mes amoureux comme aux amoureux des autres, il manque tant. Et à moi-même aussi… Si je pou-