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L'OBSCURE SOUFFRANCE

elles ? Où est l’amour qui contente le cœur, l’amour qui jamais ne s’altère, qui jamais ne se fane ? Ai-je tort ? Il me semble que les deuils, les déchirantes séparations ne sont pas la pire souffrance des cœurs aimants. Ce qu’il y a de petit, de faible, de pauvre, de court dans les meilleures affections me semble plus difficile à supporter.


8 septembre.



Journée très fraîche. La maison est à peu près vide, je suis presque maîtresse et j’en profite pour me donner le plaisir d’un grand feu dans la vieille cheminée.

Pourquoi une flambée dans l’âtre m’est-elle si agréable à voir ? Pourquoi me tient-elle si bien compagnie ? C’est peut-être qu’elle réveille en moi l’âme ancestrale.

On a été longtemps sans poêles chez nous. Cette cheminée si large remonte à près de deux cents ans. Entre ces pierres solides, des milliers d’arbres sont devenus cendre. Que ces belles flammes ont éclairé de labeurs, de deuils, de souffrances et aussi de sourires, d’humbles