Page:Conan - L'obscure souffrance (suivi de Aux Canadiennes), 1919.djvu/4

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
L'OBSCURE SOUFFRANCE

voyages, d’amusements, d’occupations attachantes, je vais essayer du recueillement et de la plume pour me distraire.

Chaque jour, je considérerai avec calme mes devoirs, mes difficultés, mes sujets de souffrance. Je m’interrogerai sur mes sentiments, mes désirs et mes actes, non pour prendre de grandes résolutions que je ne tiendrais point, mais pour m’apaiser, pour voir clair en moi-même.

Déjà une partie de ma jeunesse est écoulée. Et ces années, d’ordinaire riantes et légères, m’ont laissé tant de rancœurs !

Ni la révolte, ni le dégoût n’adoucissent l’acuité de la souffrance, je le sais. Je voudrais me résigner. Mais accepter la vie qui m’attend est au-dessus de mes forces.

Affections, sympathies, joies, plaisirs, action, tout me manque pour être une créature active et vivante.

Je n’ai pas même l’illusion soutenante de me sentir nécessaire, et mon cœur oisif et désert se remplit de tristesses désespérées.

Si terne, si sombre qu’il soit, le printemps n’est jamais l’automne. Je le sens à la surabon-