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Page:Conan - L'obscure souffrance (suivi de Aux Canadiennes), 1919.djvu/71

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L'OBSCURE SOUFFRANCE

Mon Dieu, rendez-moi un peu de la paix qui se répandit dans mon cœur quand je promis de faire votre volonté. Voluntas tua, voluptas mea. Ce mot d’un saint je veux le faire mien.


26 février.



Jour inoubliable. Chez une humble et fruste jeune fille, j’ai vu la splendeur de la beauté chrétienne, j’ai vu la parfaite, l’amoureuse acceptation de la souffrance et de la croix.

Ma tante avait appris le funeste accident. Ce matin, elle m’envoya à l’Hôtel-Dieu prendre des nouvelles de la blessée qu’elle connaît bien, qu’elle emploie souvent. Quand j’arrivai on allait lui amputer le bras droit, et le docteur B… qui m’accompagnait, me conduisit à la salle d’opération.

La pauvre enfant, pâle comme une morte, était couchée sur la table. Elle m’aperçut et me fit signe d’approcher. Je ne pouvais retenir mes larmes. Elle était calme et me dit très bas : — « Voulez-vous prendre ma pauvre main et me faire faire une dernière fois le signe de la croix. »