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AUX CANADIENNES

Les ravages de ce mal épouvantable n’alarment pas seulement l’Église. Le péril alcoolique préoccupe aussi fortement les économistes, les législateurs, tous les esprits sérieux.

Il est maintenant prouvé, avéré que l’alcool est un poison qui fait lentement mais infailliblement son œuvre de mort dans l’organisme humain. Six cent soixante-dix-sept médecins de la province de Québec — viennent de l’attester solennellement ; au grand congrès anti-alcoolique international tenu en Hollande l’an dernier, tous les médecins l’ont affirmé, et à l’appui de cette vérité ils ont fourni d’abondantes et irréfutables preuves. La science contemporaine a, sur ce point, fait la lumière. Même chez les buveurs qui ne sont pas des ivrognes, l’intelligence s’altère, s’affaiblit, la volonté s’affaisse, les forces diminuent. Et les effets de l’intempérance ne s’arrêtent pas à l’individu qui s’en rend coupable. Ils ont une portée incalculable, car l’alcool empoisonne les sources de la vie.

Le buveur lègue à ses enfants un sang vicié, corrompu ; et du peuple le plus sain, le plus viril, l’alcoolisme fera fatalement un peuple de dégénérés, de rachitiques, de détraqués.