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AUX CANADIENNES

L’esprit rempli de préjugés et le cœur de bonnes intentions, beaucoup recourent aux boissons alcooliques pour se fortifier, pour donner plus de vitalité à leurs enfants, pour mieux remplir leurs devoirs de mères.

Au bébé qui souffre et qui pleure on administre tendrement l’un de ces calmants, de ces narcotiques si répandus chez nous et qui sont tous, hélas ! à base d’alcool.

Plus un être est faible, plus le poison agit sur l’organisme ; beaucoup d’enfants sont alcoolisés dès le berceau. « L’enfant pleure, il veut son Castoria », lit-on dans les réclames affichées partout.

Hélas ! oui, quand vient l’heure on voit des bébés réclamer à grands cris leur dose de Castoria, de sirop calmant. En les voyant s’apaiser, s’endormir, la mère s’applaudit de l’effet du remède. Pauvre femme, sa tendresse est bien en défaut. L’enfant dort parce qu’il est ivre…

C’est un crime de donner de l’alcool aux enfants, et ce crime inconscient est bien fréquent — si fréquent qu’il faut le mettre immédiatement après l’hérédité, et bien avant le cabaret, dans les causes de l’ivrognerie.