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L’OUBLIÉ

Maisonneuve l’écoutait frémissant, se demandant si cette généreuse folie n’était pas une inspiration sublime, s’il n’avait pas devant lui l’un de ces hommes dont l’audace opère des prodiges.

— Pour vivre, il faut parfois savoir dire : Mourons ! poursuivit tranquillement le jeune homme. La France ne nous laissera pas toujours sans secours… ce qu’il faut, c’est gagner du temps.

Maisonneuve le regardait toujours avec une attention profonde, avec une émotion contenue, mais croissante. — Et si vous êtes pris vivant ? demanda-t-il.

— À la grâce de Dieu ! fit le Français, levant les mains.

— Trouverez-vous des compagnons ?

— J’en ai trouvé seize ; et c’est assez, dit Daulac, de sa voix douce. Ils n’attendent que votre consentement pour partir avec moi…

Et lentement, les yeux rayonnants d’enthousiasme, il se mit à les nommer : Jacques Brassier, Jean Tavernier, Nicolas Tille-