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L’OUBLIÉ

Ce soir-là, il n’y était pas disposé et, les bras croisés, il resta debout devant la fenêtre à regarder la forêt tranquille que le soleil couchant dorait radieusement. Ses souvenirs soudainement éveillés le reportaient vers les années lointaines. Il remontait ces sentiers du passé où, comme tous les hommes, il avait laissé bien des illusions, bien des rêves, et la tristesse le gagnait.

« Il y avait longtemps, dit-il, reprenant sa place, que je désirais me retirer du monde, sans pourtant abandonner la profession des armes. Aussi je fus ravi quand M. de la Dauversière me parla de cette ville qu’on voulait fonder en l’honneur de la Mère de Dieu.

— Et vous n’avez pas hésité à tout quitter pour prendre la responsabilité et la direction de cette œuvre obscure, pleine de dangers ? dit Brigeac, regardant son chef avec admiration. Vous êtes pourtant le seul héritier d’une famille ancienne et noble,… vous aviez devant vous un bel avenir.