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L’OUBLIÉ

Ce soir-là, la pluie qui s’amassait depuis des jours avait commencé de tomber.

Leur voisin, M. de Sailly, s’était retiré de bonne heure, et Élisabeth veillait seule avec son mari.

Après la prière récitée avec les domestiques, il s’était mis à marcher de long en large dans la chambre.

La mèche, qui brûlait dans la lampe de fer, en forme de gondole suspendue au plafond, ne donnait qu’une bien faible lumière, mais la clarté du foyer éclairait parfaitement la pièce. L’aiguille à la main par contenance, Élisabeth suivait avec une attention passionnée tous les mouvements de son mari. Souvent, il s’arrêtait pour écouter la pluie qui tombait à torrents : et, après avoir longtemps marché, il vint s’asseoir près d’elle, à l’angle de la cheminée ; mais jamais il n’avait paru plus absorbé, moins disposé à causer.

Élisabeth pensait qu’à défaut de tendres paroles, elle aurait trouvé doux d’entendre sa voix.