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L’OUBLIÉ

— Comme c’est bien de la France généreuse, fraternelle, dit Claude de Brigeac avec émotion. Quoi qu’il arrive, non jamais je ne regretterai d’être venu à Montréal. Je ne sais si les autres sont comme moi, mais je m’y sens sur la plus haute cime humaine.

— Et il fait bon de respirer un air que ne souillent, ni l’envie, ni la cupidité, ni l’hypocrisie. Seulement, dans les grandes choses, avant l’effort qui réussit, il y a presque toujours des efforts qui passent inaperçus.

— Mais qu’importe ? qu’est-ce que le succès ? s’écria impétueusement le jeune homme. Il n’y a de réel que ce qui est grand… que ce qui est beau.

— Vous dites bien, monsieur de Brigeac. Laissez-moi ajouter : Il n’y a de vraiment grand, de vraiment beau que ce qui est fait pour Dieu seul… Et, sous ce rapport, nous sommes dans une situation très heureuse, très favorable… Depuis treize ans, il se fait à Ville-Marie des prodiges de