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Page:Conan - L'oublié, 1900.djvu/20

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L’OUBLIÉ

mort, s’écria Claude de Brigeac rayonnant d’ardeur. Et c’est si beau quand on y songe !

— Oui, c’est beau à penser ; mais, à la longue, c’est dur à faire. Vous l’éprouverez, l’effort sans cesse renouvelé coûte à la nature humaine.

La cloche du fort retentit tout à coup ; et ce son éclatant fit relever la tête aux défricheurs qui travaillaient à l’entrée du bois. Obéissant au signal, ils abandonnèrent leur rude labeur, ramassèrent les pioches, les haches, prirent leurs mousquets couchés dans l’herbe et se réunirent ; car pour aller au travail ou pour en revenir, il était ordonné aux colons soldats de marcher ensemble, toujours armés.

Maisonneuve suivait attentivement les mouvements de ses hommes, quand son secrétaire lui fit remarquer un canot qu’on apercevait sur le fleuve, se dirigeant droit vers le fort.

Le gouverneur saisit sa longue vue. Après un examen rapide, il dit joyeusement :