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L’OUBLIÉ

de la guerre qu’on aurait à soutenir contre les sauvages, et me demanda si je voulais me charger du soin des blessés. Ma vocation était trouvée, j’étais libre… mes parents n’étaient plus.

Élisabeth ne dit rien. Elle regardait les portraits qui l’intéressaient : elle pensa que cet homme et cette femme étaient morts entourés de tous les secours, de toutes les consolations… assistés par leur admirable fille ; et le souvenir de ses parents à elle… de leur terrible fin traversant tout à coup son âme, elle faillit éclater en sanglots.

Mlle Mance s’aperçut du grand effort qu’elle faisait pour se contenir, et cette exquise pudeur de la souffrance ajouta à l’intérêt que l’orpheline lui inspirait. Pour l’arracher à ces cruelles pensées, elle reprit vivement :

— Qu’est-ce que le bon Dieu ne peut pas adoucir ? Pendant que je me préparais à tout quitter, j’étais si contente que je n’y comprenais rien. Je n’avais qu’un cha-