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L’OUBLIÉ

brillait sur le mur de chaque maison, comme une étoile ; et, grâce à elle, une sorte de paix planait au-dessus de toutes les angoisses.

Les massacres, les incendies, toutes les horreurs sans nom commises par les Iroquois chassaient bien loin toute sécurité. On vivait en plein cannibalisme à Ville-Marie ; mais jamais population ne fut plus pénétrée de l’idée céleste. Quand la nuit descendait sur le précaire établissement, les têtes glorieuses et les têtes obscures se courbaient devant l’image de l’invisible Protectrice ; et comme tous ignoraient s’ils reverraient la lumière, tous récitaient les litanies des agonisants.

Temps de ferveur et de périls étranges, où chacun, tremblant pour ceux qu’il aimait le plus, répétait chaque soir :

« Je vous recommande à Dieu tout-puissant afin qu’après avoir payé par votre mort la dette commune de la nature humaine, vous retourniez à votre Créateur… Que Jésus-Christ, crucifié pour vous, vous