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LA SÈVE IMMORTELLE

frir ce qu’il souffrait. Il le comprenait. Sa vie avait ailleurs ses racines. Mais qu’il la sentait tendre, compatissante, généreuse, aimante, capable de tous les sacrifices, de tous les héroïsmes. Que sa pitié lui était douce. Auprès d’elle, il oubliait tout ce qu’il avait encore à endurer… il avait la sensation qu’une tendresse céleste l’enveloppait, l’enlevait à toutes les douleurs, à toutes les misères. Serait-elle la même avec lui quand ses forces seraient revenues… quand il serait parfaitement rétabli ? Il songea aux obstacles qui les séparaient… à cet espoir vague, sans raison, qui le soutenait, et se dit :

— La plus grande folie de l’homme, c’est de croire que les choses arriveront parce qu’il le désire.

Il ferma les yeux pour s’endormir et revit le départ de « La Marie »… la France qui s’en allait avec la lumière et la beauté du jour, et une noire tristesse l’envahit.