Page:Conan - La Sève immortelle, 1925.djvu/113

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pénétra. Il sentit comme ses aïeux avaient aimé ce coin de terre conquis pied à pied sur la forêt.

Le vent et les vagues animaient le paysage. Mais les champs étaient déserts. Pas un cheval, pas un bœuf, pas une vache, pas un mouton, n’y paissait. Tout le bétail avait été enlevé, au nom du roi, par les agents de Bigot, et payé en lettres de change.

Debout à la fenêtre, Jean de Tilly considéra le paisible horizon qui demeurerait toujours le même, malgré tous les bouleversements… En face, à l’autre bord du fleuve, la croix de l’église de la gracieuse Pointe-aux-Trembles s’élevait au-dessus des arbres d’or. Les modestes maisons, espacées le long des chemins, n’avaient pas été détruites. Jean le constata avec un vif plaisir. Son regard s’abaissa vers la plage charmante où, si souvent, il avait joué, et son sang frémit