Page:Conan - La Sève immortelle, 1925.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Les oiseaux ont été bien gentils de nous les laisser, dit Guillemette, avec une joie d’enfant, mais cette joie s’éteignit vite.

Elle disposa les fruits avec goût, courut au jardin choisir des feuilles éclatantes, et en orna la table déjà mise ; mais elle fit cela sans plaisir, avec un sérieux pensif qui n’était pas de son âge.

Certes, elle était contente d’avoir à offrir ces perdrix appétissantes, ces beaux fruits, mais l’allégresse de l’arrivée n’était plus dans son cœur. Une inquiétude, une tristesse, s’était mêlée à la joie du revoir.

Ce rêve léger, imprécis qui avait charmé tant d’heures pénibles, sans trop savoir pourquoi, elle ne pouvait plus le reprendre. La pauvre petite comprenait qu’il fallait repousser le chagrin, mais la vie lui semblait s’être fermée devant elle.

Elle aurait bien voulu pouvoir se réfugier dans sa chambre pour pleurer à son aise.