Aller au contenu

Page:Conan - La Sève immortelle, 1925.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ruiné, à ses camarades restés sur le champ de Sainte-Foy, qui gisaient sous l’herbe haute et drue.

La pensée que l’Anglais allait régner sur la terre où dormaient les héroïques pionniers français lui était cruelle. Il se plaignait à Dieu en invoquant leurs mérites. Offrir ce qu’il avait souffert ne lui vint pas à l’esprit ; ses blessures, ses souffrances, Jean de Tilly n’y songeait plus ; mais le sacrifice du rêve d’amour à son devoir de soldat avait à ses yeux un grand prix, et dans le secret de son cœur, il l’offrit pour sa patrie…

Puis, une apaisante langueur l’envahit… Il s’endormit et rêva que, dans le cimetière de Saint-Antoine de Tilly, il voyait sortir de terre, se lever suppliantes vers le ciel, les mains qui avaient défriché la forêt.

Quand Monsieur de Tilly se réveilla, sur une petite table près de son lit, il vit un bol de lait et du pain noir.