Page:Conan - La Sève immortelle, 1925.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sa joie, son amour qu’elle ne songeait pas à voiler donnait à sa frêle beauté une vie, un charme subtil, indicible. En l’apercevant, Jean oublia sa famille, son pays. Ses souvenirs qui l’avaient torturé s’envolèrent.

L’enchantement d’amour le reprit tout entier, et c’est avec une gratitude profonde, enivré, qu’il remercia le colonel.

Le printemps avait été hâtif : le fleuve était libre. Jean voulait traverser le jour même à Saint-Antoine de Tilly, car le temps pressait. Il lui fallut donc bientôt partir.

— Pauvre Madame de Tilly, murmura Thérèse, le retenant un instant sur le seuil. Votre départ va lui porter un grand coup… Je le comprends et j’en souffre… Pour vous aussi, la séparation va être un déchirement.

Et le couvrant d’un long regard candide, elle ajouta avec sa grâce tendre, enveloppante :