tions comme la mort sanglante. Jean de Tilly ne l’ignorait pas. Passé des bancs du collège à la milice, il avait fait l’expérience des rudesses de la vie. Mais la bassesse le révoltait ; ce qu’il entendait raconter des hontes de l’administration Bigot lui mettait au cœur d’affreux dégoûts.
Puis, comme celle de bien des Canadiens, sa formation avait été toute militaire. Sa carrière se trouvait brisée. Qu’allait-il faire de sa vie ?… que lui réservait l’avenir ?…
Le Canada allait devenir anglais, protestant. Cela était fatal, absolument inévitable… Il lui semblait que le passé se détachait, s’éloignait, se perdait dans le noir. Il lui semblait qu’une tristesse s’élevait du sol si longtemps français.
Pour s’abandonner librement à ses tristes pensées, Jean de Tilly, blême et tremblant, gagnait la jolie rivière, et, couché dans l’herbe, regardait l’eau couler.