Page:Conan - La Sève immortelle, 1925.djvu/34

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ressentait une honte et se jugeait petit, puéril. Avoir oublié la ruine de son pays, le malheur de tous les siens, pour songer à une jeune fille à peine entrevue, l’humiliait profondément.

Le colonel d’Autrée habitait rue des Remparts. Sa belle maison, un peu ravagée par les bombes, était encore solide. Un jardin l’entourait presque, et, en descendant de voiture, Jean y aperçut l’officier.

La casquette sur les yeux, le bras droit en écharpe, il était appuyé contre un arbre cassé par les bombes et fumait en regardant la rade. Il avait terriblement vieilli, mais quand il reconnut Jean, son visage flétri, ravivé, s’éclaira. De son bras libre, il l’étreignit, puis, le reculant un peu, une lueur de joie dans les yeux, il s’écria :

— Ni défiguré, ni infirme, que c’est bon à