Mademoiselle d’Autrée ferma ses beaux yeux mutins et sourit comme à une vision intérieure.
— Vous ne l’ignorez pas, poursuivit sa mère, à Québec, tout le monde s’en va. Nos amis, nos connaissances se préparent au départ. Sans moi, vous partiriez aussi ; vous reverriez la France. Si vous saviez comme cette pensée m’afflige… Ici, nous allons être entourés d’Anglais… Nous allons tous mourir de chagrin et d’ennui.
— Pas moi, dit tranquillement Thérèse.
— Croyez-moi, l’hiver vous sera dur. La jeunesse a besoin de mouvement, de plaisirs… Maintenant, vous avez le soleil brillant, la beauté des bois, le chant des oiseaux, le grand air si bon ; mais quand le froid sévira, qu’il faudra se renfermer, que le givre couvrira les vitres, la dépression viendra… vous vous trouverez bien à plaindre, ma pauvre enfant.