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Page:Conan - La Sève immortelle, 1925.djvu/93

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Le général sentit tout son être vibrer. D’invisibles présences lui semblaient l’environner. Immobile, muet, il revivait les heures immortelles du 28 avril. Il revoyait les régiments en loques, les miliciens étrangement accoutrés, avec leurs fusils de chasse et leurs couteaux… toute cette héroïque armée de miséreux qui avaient su vaincre la triomphante armée anglaise, si brillante, si parfaitement équipée.

— Ah ! Messieurs, dit-il, rompant un silence que ses compagnons avaient respecté, que c’était beau de voir les jeunes s’élancer !

Et, appuyant sa main nerveuse sur l’épaule de Jean :

— Vous souvenez-vous de cette charge ? demanda-t-il, avec un accent qui fit battre plus vite le cœur du jeune homme. Comment vous dire mon enthousiasme, mon ivresse, après cette victoire que je n’osais espérer ? Je