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Page:Conan - La Vaine Foi, 1921.djvu/25

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est épouvanté de ce qu’il voit. Et quand j’y pense une sérieuse vie chrétienne m’effraye. C’est un peu comme s’il s’agissait de m’enterrer vive.

À travers ces lâches pensées, voici que surgit un souvenir de ma visite aux catacombes de sainte Agnès.

J’y étais allée en bien frivole compagnie. Ma bougie allumée à la main, j’avançais dans les étroites allées bordées de tombeaux, sans autre sentiment que la curiosité, quand soudain une religieuse émotion m’envahit et mes larmes coulèrent irrésistibles, douces, pressées… Les siècles avaient reculé ; dans le passé profond je voyais les premiers chrétiens, les martyrs.

Ces jeunes filles qui s’arrachaient aux splendeurs de la terre, à toutes les délices de la vie pour aller avec joie aux tourments, à une mort affreuse croyaient ce que je crois. Rien de plus. Créatures de chair et de sang, elles avaient besoin comme moi de liberté, de vie, de jouissances, de plaisirs. À peine sorties du paganisme, comment avaient-elles la force de tout sacrifier à l’invisible ?

Ô nobles vierges qui braviez les proconsuls et renversiez les idoles, vous qui ne redoutiez ni le poids des chaînes, ni le noir des cachots, ni la savante cruauté des bourreaux, que pense-