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sait si je ne dois pas à ces impressions si vives le malheur de n’avoir jamais ressenti une joie religieuse dans mon enfance ?


* * *


20 août.

Réception chez Mme K. J’ai longuement causé avec M. Osborne. Je ne le rencontre pas sans une secrète confusion. Depuis qu’il a réveillé ma conscience, qu’y a-t-il de vraiment changé dans ma vie ? Je sens le poids de mes obligations de catholique — et j’en souffre. Voilà.

Je ne sais pas vouloir et la piété me répugne tant ; elle m’apparaît si ennuyeuse.

Idée fausse ! Je le veux bien, mais le sentiment qui m’en délivrera, c’est comme si ma jeunesse allait finir soudain, comme si je me condamnais à ne plus revoir le printemps.

On doit aller à Dieu avec une ardeur profonde, et mon cœur est si aride, si froid.

Ma religion a toujours été une religion de surface. Jamais je ne l’ai profondément sentie, profondément vécue. Le somptueux bien-être, les vifs plaisirs m’ont desséché l’âme.

Je suis une heureuse de ce monde. Mais cette vie qui m’était délicieuse, qui me le serait encore, je n’en sais plus jouir. Ô jour de l’ensevelissement, ô première nuit du sommeil de la terre !