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LARMES D’AMOUR

l’église. Bientôt j’entendis derrière moi, ce pas léger que je connais si bien, et, un instant après, M. Douglas me rejoignit. Est-il vrai que vous partez bientôt ? lui demandai-je. — Et comment vivrais-je sans vous ? me répondit-il vivement.

Puis troublé, ému, il me dit qu’avec moi il se consolerait de la mort de son ami… qu’il avait cru sa vie brisée pour jamais, mais que je lui avais rendu la foi au bonheur. Nous marchâmes ensuite sans échanger une seule parole. Comme nous montions la petite côte qui conduit de la grève au chemin public, il me dit à demi-voix : Essuyez vos yeux : il ne faut pas que d’autres que moi voient ces larmes. Oui, c’était vrai, je pleurais sans m’en apercevoir. Quand nous fûmes à l’église : je venais ici, lui dis-je. Lui, m’appelant pour la première fois par mon nom de baptême, me demanda gravement : Thérèse, pourquoi pleuriez-vous ? Je me sentis rougir, et, ne trouvant rien à répondre, je lui dis : Laissez-moi, je vais prier pour vous. Il m’ouvrit la porte de l’église.

Ô mon Dieu, quel bonheur de vous prier pour lui, vous, l’arbitre souverain de son sort éternel ! Il n’est pas l’enfant de votre Église, et à cause de cela j’aurais voulu ne pas l’aimer, mais vous m’avez donné pour lui tous les dévouements et toutes les tendresses. Ô Christ, mon Sauveur, je sais que tout don parfait vient de vous, mais souvenez-vous de mon ardente prière, et faites-moi mériter pour lui la foi ; faites-la-moi mé-