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LARMES D’AMOUR

sous sa parure de feu ; au loin, les montagnes bleues ; partout une splendeur enflammée sur ce paysage enchanteur. Francis regardait enthousiasmé, mais son noble visage s’assombrit tout à coup.

— Pourquoi faut-il que les beaux jours finissent ? me dit-il tristement.

J’étais heureuse, enchantée, ravie, et je lui dis :

— Ne soyons pas ingrats. Regardez autour de vous, et dites-moi ce que sera la patrie, puisque l’exil est si beau.

Il me regarda avec une expression que je n’oublierai jamais, et répondit à voix basse :

— Dites plutôt : Regardez dans votre cœur.

Et un peu après, il continua :

— L’amour fait comprendre le ciel, mais ce beau coucher de soleil me rappelle que la vie passe.

La soirée s’est passée à l’hôtel. Francis était très-grave, mais il y avait dans sa voix une douceur pénétrante qui ne lui est pas ordinaire, et quand je rencontrais son regard, j’y voyais luire cette lumière fugitive qui traverse parfois ses yeux comme un éclair. Il ne me parla guère ; mais, sans rien faire qui puisse attirer l’attention, il a l’art charmant de me laisser voir qu’il s’occupe de moi. Cette bonne Mme L…, s’adressant à Mlle V… et à moi, nous fit observer que M. Douglas avait l’air heureux.

— Ce que je vois le mieux, c’est qu’il est bien bon, répondit Mlle V…, — qui se pique de dire